Le ministre de la Défense nationale turc, Yasar Guler, a annoncé que la Turquie envisageait d’acheter 40 avions de combat Eurofighter « Typhoon ». Cette décision fait suite à la suspension par les États-Unis de la vente des avions de combat Lockheed Martin F-35 à la Turquie.
La situation actuelle
Ankara explore plusieurs options, dont l’achat de 40 F-16 Block 70 « Viper » aux États-Unis. Cependant, Washington n’a toujours pas donné son feu vert, en raison des exigences de certains sénateurs qui demandent à la Turquie de s’engager à ne pas utiliser ces avions dans l’espace aérien grec. La Turquie a répondu qu’elle ne pouvait pas accepter une telle demande. Il convient également de mentionner la question kurde.
La seconde option envisagée par la Turquie concerne le développement de son propre avion de 5ème génération, le TAI TF-X. Cependant, cela prendra du temps. En attendant, Ankara doit impérativement remplacer ses vieux McDonnell F-4 « Phantom II » qui prennent leur retraite, ainsi qu’un premier lot de F-16, les plus anciens.
L’avis de Berlin sera déterminant
Si Londres et Madrid ne semblent pas s’opposer à une éventuelle vente d’Eurofighter à la Turquie, Berlin semble être plus réservé. Deux raisons motivent l’Allemagne à s’opposer à cette vente. Tout d’abord, la Turquie refuse toujours de ratifier l’adhésion de la Suède à l’OTAN, ce qui déplaît à Ankara en raison de la prétendue sympathie de la Suède envers les militants kurdes. Ensuite, les propos récemment tenus par Erdogan, à la fois antisémites et anti-occidentaux, ne sont pas bien perçus en Allemagne. Le Premier ministre turc est actuellement en visite à Berlin, où il a prononcé un discours « très anti-israélien » qui a été mal reçu. Il est donc peu probable que le chancelier Olaf Scholz se laisse influencer en faveur d’une vente. De plus, l’Allemagne a une politique d’exportation d’armes très stricte et le climat politique actuel lui donne des raisons supplémentaires de ne pas transférer d’armes à la Turquie.
La Turquie se retrouve donc dans une situation complexe, car elle ne peut pas se tourner vers la Suède pour acquérir des Gripen, ni vers la France. Paris ne pourrait pas se permettre de vendre des avions à la Turquie sans s’aliéner Athènes et compromettre le contrat Rafale.
Des Eurofighter d’occasion
Ce qui est surprenant dans la demande de la Turquie, c’est qu’elle porte sur l’achat d’avions d’occasion. En effet, la demande concerne l’achat de deux lots de 20 Eurofighter de la version Tranche 1, c’est-à-dire la plus ancienne et la plus difficile à moderniser. Il est possible que la Turquie souhaite une mise à jour de ces appareils avec un équipement plus moderne, comme un radar et des missiles ayant une portée au-delà de la portée visuelle, ainsi que des munitions air-sol avancées.
En conclusion, la Turquie est confrontée à des défis majeurs dans sa quête d’un nouvel avion de combat. Les décisions politiques et les tensions internationales compliquent sa recherche d’un substitut aux F-35.
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